Les deux matchs du Syli national au compte des éliminatoires de la CAN 2023 prévue en Côte d’Ivoire et les sorties médiatiques souvent ratées du vice-président du CONOR (comité de normalisation), ont fait du ramdam dans le pays et chacun y va de son commentaire. Pis, tout le monde en fait ses choux gras au quotidien. Des points de vue tranchés parfois mêmes chimériques. Dans le lot, une légende prend la parole à travers footpro224.com pour donner son avis sur ces actualités épineuses. Dans cette interview caustique, notre interlocuteur n’est pas parti du dos de la cuillère. Lisez plutôt.

1- Bonjour monsieur Aboubacar Titi Camara. Vous êtes ancien joueur et ancien sélectionneur du Syli national. Quelle est votre analyse sur les deux derniers matchs du Syli joués pour le compte des éliminatoires de la CAN 2023 ?

Je pense que les deux sorties sont encourageant vu que le sélectionneur a déjà dit qu’il est en face de reconstruction. Je pense que y a beaucoup de jeunes qui sont avec l’équipe nationale surtout les binationaux. Après leur première prestation face à l’Égypte qui est favorite sur papier dans notre poule et après le match contre le Malawi ici à Conakry où on a vu l’équipe gagner difficilement, dans l’ensemble il y a une dose de satisfaction dedans. Dans notre poule, toutes les équipes ont gagné à domicile maintenant attendons de voir la suite de la compétition. D’ailleurs concernant cette poule moi, j’avais déjà dit que le tirage ne me plaisait pas et si on veut se qualifier, il faut finir obligatoirement premier ou deuxième ça va être difficile mais pas impossible.

2- Après le match du Syli contre le Malawi les supporters c’est permis d’envahir la pelouse du stade de Nongo. Est-ce la résultante d’une mauvaise organisation ?

Moi, j’ai eu la chance de diriger le ministre des Sports, je pense qu’à notre temps il n’y a jamais eu envahissement de l’aire de jeu, mais quand vous prenez le déroulement avant pendant et après le match il ya eu beaucoup de défaillances au niveau de l’organisation. Avec les nouvelles technologies le fait qu’ils aient mis la vente des billets en ligne cela a posé assez de problèmes. Et quand vous organisez un tel match, il faut que le ministère des Sports s’implique, les forces de l’ordre s’impliquent ainsi que les stadiers. Nous avons vu comment le CONOR qui est la partie technique a commis des manquements. La CAF avait autorisé 16 milles places est-ce qu’il ya eu une bonne communication à ce niveau. Vous savez l’équipe nationale draine beaucoup de foules les jeunes veulent voir les joueurs évoluant en clubs joués avant l’équipe nationale donc il fallait bien s’organiser pour éviter ce genre de scénario. Dans l’ensemble, je pense qu’il faut que les responsabilités soient situées. Après le match, j’ai entendu des gens dire qu’il faut mettre des grillages, ils oublient qu’avec le football moderne aujourd’hui, on n’a pas besoin de mettre des grillages. Mais avec cet envahissement de l’air du jeu la CAF risque de nous sanctionner.

3- À qui la faute selon vous ?

Comme je l’ai dit quand le Syli doit jouer, il ya des stadiers en plus des forces de l’ordre vous avez aussi le CONOR et le ministère des Sports et le gestionnaire du stade. Dans ce cas de figure, l’Etat doit être vigilant et prendre le devant sinon ya eu beaucoup de manquements tout le monde le sait. Donc la responsabilité est partagée entre le CONOR et le ministère des Sports et faut mener des enquêtes sérieuses pour situer les responsabilités. On a même vu lors de la finale de la ligue des champions en France où il y a eu aussi beaucoup de manquements les supporters gazés la vente des billets en ligne n’a pas bien fonctionné. Vous savez présentement un stade doit être un lieu de convivialité où vous pouvez venir avec vos enfants pour assister aux spectacles et quitter sans crainte. Mais ce qui s’est passé la fois dernière ne rassure pas les fans du Syli.

4- Les crises dans notre football ont obligé la FIFA à mettre en place le CONOR de nouveau pour mettre les acteurs du football guinéen ensemble. Selon vous, les membres du CONOR sont-ils dans cette dynamique ?

Franchement, il faut se dire la vérité lorsqu’ils ont mis ce CONOR en place par défaut, je me suis dit que la FIFA n’a pas aidé le football guinéen pour la simple raison qu’il n’y a aucun acteur de football dans le bureau. Et mieux leur mission qui consiste à toiletter les textes et organiser les élections crédibles et surtout éviter ce qui s’est passé en 2017 risque de ne pas voir le jour aussitôt. Au regard de ce qui se passe avec ce CONOR, nous devons avoir peur. Ils veulent se cramponner. Ils oublient qu’ils ont un mandat de 6 mois. Mais ils ont pris goût avec les voyages en première classe être dans des congrès rémunérés avec ça, je pense que nous sommes loin du bout du tunnel et là, c’est inquiétant, mais il ne faut pas qu’ils perdent de vue leur mission, car ils sont là pour travailler, mais à cette allure, je ne pense pas qu’ils veulent aider le football guinéen. Ça va de mal en pis. Sans oublier l’élimination humiliante de l’équipe féminine face au Ghana qui est à leur actif. 

5- Selon vous il n’y a aucun acteur du football au sein du CONOR pourtant le vice-président Sega Diallo a duré dans les rouages de notre football de surcroît journaliste sportif de renom ?

Non, je pense que c’est un imposteur. Tout ce qu’il fait il le fait avec arrogance. Et c’est un monsieur qui est désavoué au sein du CONOR la derrière communication de la Présidente en dit long. Il s’est retrouvé dedans par défaut. C’est ce que je trouve regrettable. Il est là pour une mission, mais s’il faut taper sur tout le monde, il risque de rater sa mission. D’ailleurs, il n’a jamais été un acteur du football certes journaliste sportif, mais pas un acteur de football, il n’a jamais géré un club, mais il s’est retrouvé par défaut dans de ce CONOR avec ça, la FIFA ne nous a pas aidés franchement. Moi, je ne vois pas ce que ce CONOR pourra apporter au football guinéen vu tout ce qui se passe. Au lieu d’organiser le congrès, ils se permettent plutôt de faire des nominations à l’emporte-pièce, ou de procéder au changement de sponsor sans pour autant communiquer sur le contenu du contrat avec Puma en tout cas officiellement pourtant, on peut signer un contrat tant en Guinée qu’à l’extérieur pourvu que le peuple de Guinée ou la famille sportive soit en informée pour le respect du contribuable guinéen, mais malheureusement, ce n’est pas le cas.

6- Votre compatriote Naby Keita vous a succédé à Liverpool l’un des meilleurs clubs au monde. Quelle comparaison faites-vous entre votre passage et le sien ?

Non, on ne peut pas comparer les époques. Aujourd’hui, nous sommes tous fiers du parcours de Naby avec tout ce qu’il gagne avec Liverpool comme trophées. Qu’il soit passé après un autre guinéen, nous sommes très contents de lui. On le souhaite plus de chance. Je ne cherche pas à faire des comparaisons. Les époques ne sont pas pareilles. Aujourd’hui, Naby est le leader technique de l’équipe nationale continuons à prier pour lui.

7- Vous êtes ancien sélectionneur, comptez-vous reprendre le Syli un jour ?

Non, ça ne m’intéresse plus. J’ai passé des diplômes depuis, mais ça ne m’intéresse pas. Sinon Elhaɗj Chérif Souleymane m’avait proposé de prendre l’équipe nationale locale un moment. Mais j’ai décliné, car je ne cherche plus à faire carrière dans ça. J’ai une académie où je transmets mes connaissances, je pense que cela me suffit largement.

8- Vous avez pourtant mis la main à la poche pour passer votre diplôme ?

Oui, mais c’était pour que je sois en règle par rapport aux règlements parce qu’on demande à toute personne qui souhaite exercer ce métier de passer des diplômes. Je me sens bien dans le costume de formateur. Mais avant de continuer, je voudrais profiter de cette interview pour demander à l’Etat de soutenir les mécènes de notre football qui roulent sur fonds propre. Vous savez que nous venons de sortir de deux ans de crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus qui a secoué le football mondial ainsi que national donc je souhaiterais que l’état s’implique à ce niveau parce que c’est l’avenir d’une franche de la jeunesse qui en dépend.

Une interview réalisée par Joseph Siba de FootPro224